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NOTES SUR WOERIOT. 155
Bible par le peintre lyonnais. Sans faire ressortir la supé-
riorité incontestable des chevaux dessinés par celui-ci, on
remarque que les têtes en sont rendues dans un goût tout
magistral et avec la lèvre supérieure relevée, particularité
qui rappelle l'antique, tandis que Woeriot ne montre là ni
style ni forme précise (fig. 5 et 6). Quant aux arbres, ils ne
sont, soù3 son burin, que des blocs lourdement agencés,
tandis que chez l'anonyme, ils offrent des silhouettes décou-
pées avec intelligence et allégées par des branches qui se
détachent par masses dégagées et équilibrées {fig 7 et 8).
A l'égard des costumes, ils sont plus riches, plus élégants,
plus conformes aux modèles antiques, et surtout beaucoup
plus variés dans les compositions du dessinateur des Imprese
que dans celles de Woeriot (voir p. 99, 100 pour le premier
et p. kl, 48 et 5i pour le second). Le Maître anonyme
arrête généralement l'extrémité des plis par une cassure
bouclée conformément a une méthode adoptée par les meil-
leurs artistes ; Woeriot en use rarement ainsi; le trait de
ses plis" finit en une taille aiguë qui se perd insensiblement
dans l'étoffe dont le mouvement reste ainsi sans forme ar-
rêtée, preuve d'indécision et d'ignorance.
Quant à la manière dont les draperies sont comprises et
jetées, iautant il y a de naturel, d'ampleur et de noblesse dans
celle de l'anonyme, autant il y a chez le graveur lorrain de.
prétention, de recherche et, en même temps de gaucherie et
de pauvreté.
La manière dont les taille? sont tracées offrent des dis-
semblances non moins sensibles. Très-minutieusement
dessinées par Woëriôt, elles manquent néanmoins, dans
l'effet général, d'accent, de lumière et de pittoresque ; le
peintre lyonnais, au contraire', avec plus de laisser-aller, dé
sobriété; dé'négligence apparente, harmonise mieux son
travail, et accentue plus vivement son effet. Il maintient sou-