Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                      LE SALON DE 1 8 7 3 .                139

une voie nouvelle ; il s'est épris, comme Hébert, de cette
poésie vaporeuse et maladive d'Ossian et des Niebelungen.et
il a voulu la traduire avec le pinceau ; tentative séduisante,
mais périlleuse ! C'est évidemment sous cette inspiration
que M. Chatigny a composé sa Marguerite de Faust, qui est
ravissante avec sa taille souple emprisonnée dans un corsage
de velours, sa longue robe grise et ses cheveux s'échap-
pant en tresses d'un gracieux chaperon. Qu'y a-t-il de plus
touchant que sa Mèdora, blonde sylphide, accoudée et
rêveusePMais, si l'on excepte son grand portraitdeMme X*"
n° 158, dont la distinction et la vérité méritent tous les
éloges, il faut reconnaître que ses autres figures sont par
trop vagues et indécises à force d'être idéalisées. Par ce
système, M. Chatigny n'aurait-il pas pour but de faire de la
peinture destinée à être vue le soir? La réflexion de la
lumière, en effet, en repoussant les tons obscurs, donne
une vigueur particulière aux teintes diaphanes.
   Après le maître, le disciple. C'est une véritable apparition
qu'une matinée chez la Belle Cordière, de M. Sarrazin ;
cela ne répond nullement au sujet ; mais quelles gracieuses
silhouettes de jeunes femmes ! Etquel romantisme se dégage
de cette composition !
                                *
                               » *
   Parmi les scènes d'intérieurs, la plus remarquée et celle
qui mérite le plus de l'être, c'est la Présentation de H mariée
de M. Adrien deBoucherville.Un villageois, en habit de fête,
présente aux châtelains sa jeune fiancée, toute mignonne
sous sa robe blanche légèrement relevée pour laisser voir
le plus joli pied du monde ; derrière eux, a gauche, le père
et la mère, tout heureux et tout fiers, complètent ce groupe
charmant, et la porte entr'ouverte fait apercevoir le bon
chapelain, afin que nul ne se méprenne sur le sujet !