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SUR UN OSTENSOIR. 491 La partie la plus difficile de ce genre de composition, celle qui fait le désespoir de l'architecte, c'est évidemment la tran- sition du pied polygonal ou cylindrique au plan vertical de la gloire; cette difficulté a été très heureusement non pas résolue peut-être, mais du moins esquivée par l'adjonction d'une statuette qui cache la suture et déborde sur l'ornemen- tation de la gloire, dont elle a été très habilement détachée par l'orfèvre au moyen de l'application d'oxydes. Les deux figurines appliquées dos à dos ont été modelées par M. Bonnet, dans un liés bon style, suffisamment archaïque, sans tomber dans la barbarie; elles se rattachent très-bien à l'esprit général de la composiliori. Mais à quoi eut servi à notre auteur de déployer tout le charme de la composiliori, à M. Giniez, son collaborateur, de dessiner en grand avec une perfection, révélée depuis longtemps dans de nombreuses publications, les croquis de M. Bossan, s'ils n'eussent renconlré des exécutants dignes de les interpréter ? Dans un travail de cette nature, l'exécution lient une place immense; faites traduire par un orfèvre même habile dans son métier, mais dénué de goût et de sens artistique, la môme composition; remplacez ce travail de nielle, de filigrane, en opposition avec ces Ions brunis, mats, oxydés, ce travail exécuté tout entier en artiste, vaillamment, ù la pointe du ciselet et du burin, paf celle glaciale régula- rite du travail mécanique, par l'exaclilucie de l'emporte-pièce et de la matrice; remplacez cesfigurinesfermes, étudiées, par le modèle banal, banalement exécuté, et vous verrez ce qu'il en restera, de celle composiliori! Il suffit d'ailleurs d'ouvrir seulement le Traité de l'orfèvrerie du grand Benvenuto pour voir combien les maîtres étaient soucieux même des pro- cédés purements matériels du mélier; combien pour eux la manière de sertir les gemmes, d'ômailler, de nieller, de border les arêtes, de greneler, de sgraffier, rehaussait la