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DE L'EXCLUSIVISME EN ARCHÉOLOGIE. 478 édifice, au style primitif, ils ne se sont jamais fait le moin- dre scrupule d'y appliquer le leur. C'était là , sans doute, un procédé violent et radical qui nous semble quelque peu exagéré, mais qui explique par- faitement aussi toute l'aversion que l'on éprouvait alors pour la copie servile d'un art quelconque. Chaque époque a su conserver ainsi son indépendance, et s'est créée un art particulier dont nous profilons maintenant. Pourquoi ne suivrions-nous pas, dans ce qu'elle a de com- patible avec le développement utile et vrai des facultés du génie artistique, celte ligne de conduite si naturelle et si en rapport avec les besoins de l'intelligence humaine, tou- jours avide d'émancipation. D'ailleurs, il ne faut pas se faire illusion, l'archéologie, .dont on abuse étrangement aujourd'hui, ne sera bientôt plus qu'une science morte et de nul effet, en ce qui concerne les œuvres de notre époque. Elle n'aura plus sa raison d'être si, au lieu d'avoir à rechercher et à classer des styles origi- naux, elle ne peut plus s'exercer que sur des contrefaçons. Et c'est à ce fatal dénoûment que nous conduit, d'une manière inévitable, l'imprudente doctrine qui voudrait imposer aux architectes l'observance rigoureuse des styles reconnus et classés. Nous avons d'autant plus de raison de combattre celte nouvelle idée, qu'appuyée maintenant par l'autorité reli- gieuse, il est à craindre qu'elle ne soit lenue pour vraie par. la plus grande partie du clergé, que les soins du ministère laissent à peu près étranger aux questions que nous traitons ici, et ne soit aussi strictement observée qu'un point de dis- cipline ecclésiastique. C'est là , pour nous, une véritable hérésie en matière d'art qu'il importe de ne pas laisser s'accréditer. L'erreur de prin- cipe en archéologie a des conséquences aussi funestes pour