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384              NOTICE SUR M. D'AIGUËPERSE.

nin. Mais ces deux documents différaient entre eux, et par
le nombre des stations, et par le calcul des distances. Dans
l'impossibilité de les concilier, M. d'Aigueperse crut devoir
rejeter tout à fait l'autorité de la carie, la supposant, avec
quelque vraisemblance, falsifiée par des copistes ignorants,
et s'attache exclusivement a l'Itinéraire , dans lequel il
voyait l'autorité d'une pièce officielle. Or, en appliquant les
chiffres de l'Itinéraire a la route actuelle de Paris à Lyon,
bien persuadé que la voie romaine ne pouvait s'en écarter
beaucoup, il fut naturellement conduit a placer Lima à
l'endroit même occupé aujourd'hui par Belleville, conclusion
corroborée par la présence de débris romains trouvés sous
le sol.
    Ce mémoire produisit dans le public érudit une grande
sensation. Plusieurs savants adoptèrent l'opinion de M. d'Ai-
gueperse, M. Walcknaër entre autres, l'oracle de la science
géographique. Il devint dès lors indubitable que Lima n'avait
pu être qu'a Belleville. 11 y eut bien une légère contradiction,
mais elle s'évanouit aussitôt devant une réplique de l'au-
teur du mémoire.
    La discussion n'était pourtant pas finie et elle se réveilla
tout h coup en 1853, plus vive que jamais ; la tranchée du
 chemin de fer de Paris a Lyon découvrit, à cette époque,
 des traces incontestables d'une ville Gallo-romaine, préci-
 sément au point où la Carie de Peutinger place l'existence
 de Luna. En conséquence de cette découverte aussi précise
 qu'inattendue, Lima se trouvait reportée à quatre lieues
 gauloises ou six mille romains en avant de Belleville. La
 thèse de M. d'Aigueperse était ainsi fortement ébranlée.
 Celui-ci ne perdit pas courage ; ne pouvant se résoudre à
 croire que l'Itinéraire eût tort, bien que la carte eût raison,
 il s'appliqua a chercher le moyen de concilier ces deux an-
 tiques documents. Une étude plus attentive de la curie ne