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382               NOTICE SUR M. D'AIGUEPERSE.

 depuis, même au milieu de ses fonctions les plus subor-
 données. En dépit des exigences de sa profession, il se
  livrait a l'étude avec une suite, une application qu'on retrouve
 a peine chez les hommes qui lui ont voué leur existence.
 Il y cherchait du reste un délassement devenu nécessaire,
 n'en aimant aucun autre. Ainsi, empruntant à la nuit les
 loisirs que lui refusait le jour, il parvenait a recueillir une
 grande variété de connaissances sur l'histoire, l'épigraphie,
 l'archéologie, la littérature classique: La pente naturelle de
 son esprit l'entraînait de préférence vers les monuments du
 génie romain. La moindre empreinte des maîtres du monde
 qui se révélait a ses yeux, sur une ruine ou sur le sol, le
 passionnait, et sa physionomie, ordinairement calme, s'ani-
mait aussitôt d'une vive expression. 11 suivait avec le plus
 grand intérêt les découvertes successives qu'on faisait des
débris antiques oubliés, se mêlait aux discussions qu'elles
soulevaient, et bien qu'il n'ait jamais rien publié a cet égard,
il avait étudié à fond tous les vestiges que la domination de
Rome a laissé dans notre cité, et nul mieux que lui ne
possédait son Lugdunum. On ne l'ignorait pas, et plus d'un
antiquaire lyonnais a eu recours a cette science cachée,
mais bienveillante, communicative et s'est applaudi des
lumières qu'il y a puisé. M. d'Aigueperse savait beaucoup
de choses, et, ce qui vaut mieux encore, savait bien ce qu'il
savait. On pouvait compter sur la précision de ses dates,
la vérité de ses observations, la justesse de ses aperçus, les
choix discrets de son érudition. On était assuré qu'une
question-, traitée par lui, l'avait été sous toutes ses faces
perceptibles. De Ta, ses opinions avaient un poids qui fai-
sait autorité.
    Sa bibliothèque n'était point des plus nombreuses, mais le
choix en était judicieux et sévère ; rien de futile ou de
dangereux n'y blessait les regards. Comme tous les amateurs,