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                        PATOIS DU LYONNAIS.                       221

 ou aiguës, ne joignent les consonnes ensemble que pour en
 augmenter la force et prononcent les nasales encore plus
 sourdement qu'en français. Le d, le l, le ch y ont le même
 son qu'en français ou se changent en dj, tch : le djardin, le
 ichamin. D'autres aspirent plusieurs consonnes ou leur don-
nent un son guttural assez dur.
    Ces variations se mêlent et se croisent tellement qu'il est
impossible de les grouper en les expliquant par la nature du
 sol ou des occupations des habitants. Deux villages de mon-
tagne comme deux villages de plaine offrent entre eux ces
différences.
    L'histoire particulière de chacune de nos communes, si
elle était possible, donnerait peut-être en partie la raison de
cette variété. La présence d'une colonie romaine dirait peut-
être pourquoi la prononciation de ce village a tant de res-
semblance avec celle de l'un des dialectes populaires de
l'Italie (1). L'établissement d'un corps de Visigoths, de Bur-
gondes ou de Francs a peut-être donné au langage de ce
bourg l'apparence du latin prononcé par un Allemand. Enfin
ce village reculé qui n'a jamais vu s'établir dans ses chau-
mières ni Romain civilisé, ni Germain barbare, nous montre
peut-être ce que nos vieux ancêtres les Celtes avaient fait
du latin quand ils s'étaient résignés à le substituer a la lan-
gue des Druides. Bien des causes analogues peuvent encore
avoir influé en sens divers sur le langage.
    En l'état de nos connaissances sur les détails de notre
histoire provinciale, il faut se borner à constater ces varia-
tions. Il est impossible de les expliquer et même de les clas-
ser avec quelque certitude.
    Elles ne sont pas, nous, l'avons dit, une condition particu-

  (1) Dans quelques-uns de nos villages on zézaie comme à Bergame et à
Venise.