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170                   MATTHIEU GUIGNAHD.
      — Nous voudrions, dit-il nous amuser ?
      Nous sommes jeune et la jeunesse folle
      N'est qu'un instant que chaque instant nous vole.
      Quand on la tient il faut donc en user.
      Mais... — Mais, après? C'est par trop abuser,
      Mon cher Monsieur. Aîlez-vous-en au diable.


       L'autre, à ce mot, prenant un air aimable :
      — Aller ailleurs est chose que ne puis,
       Lui répond-il, car c'est moi qui le suis.
       Mais... — Vous seriez? reprit Guignard, surpris.
      — Parfaitement. Mais que vaut de le dire ?
      Voyez plutôt ma jambe de Satyre.
      Et le Monsieur cette jambe indiquait
       Que sa culotte au vulgaire masquait
      Absolument : pour Guignard il la hausse,
      Sort son soulier, de son bas se déchausse,
      En lui disant : — Monsieur, vous pouvez voir
      Si je prenais une qualité fausse.
      — Non ! dit Guignard, devant ce long os noir,
      Faisant dresser tous les poils de sa tête.
      — Mais... pour aller, cher Monsieur, à la fête,
      Fournir aux frais d'un amour exigeant,
      Il faut avoir le gousset plein d'argent.
      Do votre bourse, or, l'eau tire à la baisse,
      Car vous n'avez rien que trois francs en caisse ;
      J'en sais le compte, et trois francs au besoin,
      Par tous pays, ne mènent pas bien loin.
      De l'Opéra cette somme peu forte,
      Vous suffira pour venir à la porte ;
      Quant au costume, entrée et souper fin,
      Néant, éclipse, autant que sur sa main.


      Mais... de mes mais j'ouvre ici la serrure,