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140 DE LA LITURGIE CATHOLIQUE. Si l'ensemble d'une église exige l'unité du style, on ne doit pas étendre cette unité avec trop de rigueur aux cha- pelles qui en sont les appendices et comme la continuation du bâtiment principal, Chacune d'elles peut fort bien appar- tenir à un style différent, selon le goût des fondateurs ou sa destination. L'unité absolue engendrerait la froideur el la monotonie. D'ailleurs l'unité est d'autant plus forte et plus frappante, qu'elle se compose d'une réunion d'individualités bien caractérisées. L'uniformité n'est qu'une unité de mau- vais aloi, produit éphémère d'une pression despotique elnon d'une adhésion libre el spontanée. L'unité est le signe de la vie, l'uniformité annonce une prostration morale. Un archi- tecte n'a pas besoin de croyances pour faire le plan d'une église parfaitement uniforme de style dans tous ses détails. Mais ni le talent ni l'argent ne donneront à un édifice ce reflet de la piété el de la foi résultant de la variété même dans les expressions de celle foi el de cette piété. Rien ne me semble plus beau au point de vue chrétien que le désor- dre architectural de notre église de Fourvières. Il y a un peu de tout, chaque génération y a laissé les traces naïves el louchantes de sa dévotion et fait de l'art à sa manière. Il y a du roman, du gothique, du rococo el même du gothique à la façon du XIXe siècle. Celle incorrection est sublime et si l'on venait à remplacer le vieux sanctuaire et les cha- pelles groupées autour de lui sans prétentions artistiques par un édifice conçu d'un seul jet, selon les règles de l'école, les artistes applaudiraient, mais les âmes pieuses s'en 'iraient ailleurs, attristées et cherchant un lieu de pèlerinage où l'on pût accrocher un ex volo sans compromettre les lignes sa- vantes el symétriques d'an monument. C'est une erreur assez répandue aujourd'hui que la croyance a un style religieux el bien déterminé à l'exclusion de tous les autres. Dans l'appréciation d'un slyle d'architecture, la