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124                 ANIMISME ET VITAUSME.

regarder comme fastueuse ; c'est seulement pour célébrer
l'inauguration d'un buste antique d'Hippocrate qui leur avait
été donné par le premier consul.
    Si l'École de Montpellier se vante d'avoir perfectionné
Hippocrate, serait-ce donc une preuve d'infidélité, et per-
fectionner serait-il synonyme d'altérer ? Ne peut-on pas dé-
velopper, élucider, fortifier une doctrine de nouvelles preuves,
sans en dénaturer les principaux dogmes? Hippocrate lui-
même a-t-il cru que la médecine de son temps tût une science
faite ? Voyons ce qu'il dit dans le livre De prisca medicina:
« La médecine existe déjà depuis longtemps, le principe el
la marche en sont trouvés : c'est ainsi qu'elle a acquis
beaucoup d'excellentes choses à force de temps ; c'est ainsi
qu'elle acquerra ce qui lui manque ; si toutefois un homme
capable et parfaitement instruit de l'état actuel de la science
continue de procéder sur le même plan. Quiconque, négli-
geant ou rejetant tout ce qui a été fait avant lui, prétend
suivre une autre route, un autre mode d'investigation et
se vante d'avoir fait quelque découverte, n'est qu'un trom-
peur qui s'abuse lui-même en trompant les autres, car cela
est impossible. »
   Quel est donc ce plan, ce mode d'investigation, ce n'est
autre chose que la méthode d'induction employée d'abord
par Hippocrate et formulée plus tard par Bacon.
   Socrate avait dit a l'homme : connais-toi toi-même ; Hippo-
crate dit aux médecins: étudiez l'homme en lui-même.
Jusque alors les philosophes avaient expliqué a priori la
nature humaine d'après leur idée préconçue sur la formation
du monde. Hippocrate sépara donc la médecine de la philo-
sophie, et de ses faux systèmes et après avoir opéré cette
séparation, il les rapprocha sur le terrain de l'induction en
disant : il faut transporter la philosophie dans la médecine
et la médecine dans la philosophie. C'est cette sorte d'alliance