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                                DE 1A0N.            .                  Hl

leur reprocher de fomenter une hérésie. Dans le doute de
la tradition sur la date précise des merveilles accomplies au
sépulcre du Rédempteur, et devant l'imposante autorité du
prophète de Pathmos, il était difficile de les condamner.
Toutefois, en relâchant sur un point les liens qui les atta-
chaient à leurs sœurs d'Occident, leur usage avait l'incon-
vénient de briser l'unité de la discipline, inconvénient grave
aune époque où, s'autorisant de leur exemple, un insidieux
sactaire s'efforçait de pervertir dans l'ombre la foi commune.
Le schisme ne se manifestait ni dans leurs actions, ni dans
leurs paroles, mais il était imminent et pouvait éclater, si la
discussion, jusque-la fraternelle, dégénérait en lutte pas-
sionnée. C'était un orage qui, pour se déchaîner sur l'hori-
zon chrétien, n'attendait qu'une occasion favorable.
    Maintes fois les saints pontifes, Anicet, Pie, Hygin, ïeles-
 phore et Xiste, successeurs du prince des apôtres, s'étaient
 efforcés d'établir la conformité dans cette célébration, déjà
 controversée en leur temps, de Pâques et des fêtes mobiles;
 mais ils avaient rencontré chez les évéques d'Orient, leurs
frères, tant de foi sincère et d'irréprochable orthodoxie qu'ils
avaient renoncé, dans l'intérêt de la paix, à les inquiéter
 sur la seule question qui n'eût pas obtenu le commun assen-
timent. Entre ces grandes et belles âmes, également abreu-
vées aux sources d'une religion sainte, une simple différence
de pratique ne pouvait amener de discussion sérieuse.
    Depuis ces illustres pontifes, les choses, on le voit, avaient
bien changé de face. Le pape saint Victor, successeur de
saint Eleuthère, effrayé du désordre qui se faisait autour de
cette question de la Pâque, menaça d'excommunication les
Églises dissidentes. Plusieurs, dans la crainte de paraître
judaïser, se soumirent (1); mais celles, de l'Asie-Mineure
  (1) Am. Thierry,Hist. delà Gaule sous l'adminitl. romaine, t. II, p. 253
de ledit de 1847.