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84                    MERLIN MELLOT.

     Un chardon sec, qui tout coup écorchait
     De ses piquants son énorme babine.

     Quand, tout a coup, une puissante voix
     Se fit entendre, appelant par trois fois
     Jean Patissot. Patissot, qui s'étonne,
     Caque de peur car il ne voit personne,
     Prêt a s'enfuir et guéri du désir
     Qui le tenait de se faire mourir.

     — Ne cherche pas, dit la voix inconnue,
     Car ce serait une peine perdue ;
     Il me convient de ne pas être vu :
     A tes malheurs cependant j'ai pourvu,
     Tu seras riche autant que nul autre homme.
     Dans ton jardin, au pied du vieux poirier,
     Tu trouveras, en creusant, une somme
     Dont je te fais le maître et l'héritier.

     Demeure honnête et toujours serviable,
     Ne sois pas fier, admets quelque voisin
     De temps en temps aux plaisirs de ta table,
     Sans oublier, voyant un pauvre diable,
     Que tu manquas plus d'une fois de pain.

     —Oui, Monseigneur. Mais, Monseigneur, par grâce,
     Si je ne puis contempler votre face,
     Enseignez-moi votre nom, car enfin
     Il faut savoir. — Je me nomme Merlin.
     Mais dans un an, tel jour, heure semblable,
     Tu reviendras ici, car je t'attends,
     Et cela peut t'être encor profitable,
     C'est convenu, dans un an; tu m'entends?
     — Ah, Monseigneur, j'en jure sur ma vie!