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 486                    CHRONIQUE LOCALE.
     A côté de M">e y a n den Heuvel, M. Achard fait merveille, il
  achève son évolution, sa métempsycose, comme diraient les
  philosophes ; du ténor léger se dégage à vu d'œil un grand ténor,
  sa voix gagne chaque jour en largeur, sans perdre de sa fraî-
  cheur, sa prononciation est parfaite ; il connaît maintenant l'art
  de donner de la couleur à une phrase, de la faire comprendre,
  de la balancer dans toute son ampleur, en la nuançant dans ses
  détails, c'est un grand artiste qui prend des ailes.
   ^ La présence de Mme Van den Heuvel nous a valu la primeur
  d'un petit opéra-comique en un acte, inédit, de M. Duprez. Ce
 petit acte, qui porte le titre de Jeliotte, a été fort goûté et fort
 applaudi; écrit sous la préoccupation visible des imitations et des
 réminiscences de la musique du xvm e siècle, il est remarquable
 par l'esprit, par la couleur locale et aussi par la science, l'or-
 chestration eu est très-distinguée, légère, discrète, et nuancée
 de façon à ne pas couvrir les voix. La toile tombée, on a de-
 mandé à grands cris non seulement Mme Yan den Heuvel et
 M. Achard, mais le compositeur lui-même, M. Duprez qui est
 venu saluer le public ; le grand artiste a été à même d'apprécier
 le sentiment musical des Lyonnais. Pour tout le monde la soirée
 a été charmante, et le charme en était d'autant mieux senti qu'il
 était relevé par le contraste de ce qui se passait hors de la salle.
 A la même heure, nos régiments, tambours en tête, partaient
 pour l'armée d'Italie et on aurait pu entendre leurs roulements
 sombres et guerriers se mêler aux délicates ariettes de M. Duprez.
    — Si notre éducation musicale se complète , si notre goût
 pour le beau se développe et grandit, la réclame tend, par contre,
 à prendre des proportions et quelquefois des formes inquiétantes.
La France littéraire annonce dans les journaux de notre ville
qu'elle vient d'entrer avec bonheur dans sa troisième année et que,
dans ses colonnes, l'érudition et la poésie se coudoient fort agréa-
blement. Nous sommes étonné que l'Artiste lyonnais qui relevait
dernièrement les réclames ridicules du Rêve d'Or n'ait pas signalé
celle-ci qui a bien son mérite.
    — M. Auguste Bernard vient de publier et de mettre en vente,
chez M. Auguste Brun, rue du Plat, 43, une lettre contre le
Directeur de la Revue du Lyonnais, Cette lettre, où l'auteur se
plaint d'avoir été dupe de notre stratégie, obtient un grand
succès, et les exemplaires s'en écoulent avec rapidité ; c'est
même avec difficulté qu'on peut s'en procurer aujourd'hui, es-
pérons que l'auteur en fera prochainement un nouvel envoi pour
satisfaire le public. Une autre lettre, contre M. l'abbé Roux, par-
tage l'empressement des acheteurs.
    — On trouve à la même librairie, chez M. Auguste Brun, la
dernière réponse de M. l'abbé Roux à M. Auguste Bernard. Les
personnes qui n'ont pu suivre cette discussion, trop tôt close
dans la Revue du Lyonnais, pourront juger quel est celui des
deux adversaires qui a répondu victorieusement. La Revue est
désormais hors du combat.                            A. V.
                       Aimé VÎNGTRINIER, directeur-gérant,