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            LA CHAUMIÈRE ET LE LUXK.                       363

      Qu'une intelligente culture,
     Faisait prospérer tous les ans.
      Ce domaine était l'héritage
Qu'un père avait, au prix de toutes ses sueurs,
De mainte économie et de constants labeurs,
A son fils, en mourant, pu laisser en partage.
Sur un vieux tronc de bois, renversé près du seuil,
Le nouvel héritier de ce riant asile
Comparait tristement, dans un penser d'orgueil,
Ses rustiques foyers aux splendeurs de la ville.
Soudain, le personnage aux vêtements dorés
Lui montrant le château qu'on avait mis en vente;
— C'est là, dit-il, qu'il faut transporter votre tente ?
Vous couleriez ici des jours décolorés.
On ne soupire plus après une chaumière !
Le ridicule, armé d'une triple lanière,
  A fait tomber tout cela sous ses coups.
Pour réussir, il faut aujourd'hui que l'on brille.
Tranchez du grand seigneur ! vous deviendrez l'époux
     De quelque riche et noble fille
Qui, sous ce toit, mon cher, ne voudrait pas de vous.,.
La vanité toujours fut facile à séduire !
Aussitôt qu'à ses yeux le jeune homme vit luire
Ce qui flattait ses goûts, caressait ses penchants:
Pour le château, dit-il, sacrifions mes champs !...



Le temps avait marché ! L'hiver au regard sombre
Etendait sesfrimats qui s'argentaieut dans l'ombre,
Et couvraient lentement le sol inanimé.
La chaumière étaitvide, et le château fermé :
Sous ces arceaux en deuil, à travers ses ogives,
Les vents faisaient gémir leurs haleines plaintives,
Lorsque le châtelain, mourant de faim, errant,
Heurta le paysan sur le bord d'un abîme
  Au fond duquel bondissait un torrent ;
Le gouffre paraissait attendre une victime !
En ce suprême instant, retentit une voix
Qu'ils entendaient tous deux pour la seconde fois.