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                          ET DE L'INDUSTRIE.                            221

chines, le dieu lorgeron, le dieu métallurgiste, le dieu ouvrier
dont la présence avait le privilège d'égayer les Olympiens ;
et j'observe ici en passant que pour les anciens la sculp-
ture, a sa plus haute perfection, se confondait avec la
mécanique, tant la connexion de l'utile et du beau était
indissoluble dans leur esprit. Homère, pour exprimer toute
la puissance de l'art de Vulcain , ne trouve rien de mieux
que de le peindre s'appuyant dans sa marche boiteuse sur
des statues d'or, fabriquées par lui, qui le servaient, comme
si elles eussent été vivantes ; et personne n'a oublié ces
trépieds animés, ouvrages du même Dieu, qui se rendaient
seuls aux réunions de l'Olympe. La légende de Dédale s'est
formée sous l'empire de préoccupations analogues. Jamais
l'antiquité ne put se résigner a ne voir en lui que le sculp-
teur inspiré, le novateur audacieux qui le premier avait
 rompu avec les traditions égyptiennes et délié les membres
des statues ; elle en fit un architecte constructeur de tem-
ples et de citadelles, un ingénieur qui desséchait des étangs
et creusait des cavernes, un mécanicien extraordinaire, l'in-
venteur d'une foule d'instruments utiles, comme le compas ,
la scie et la doloire (1).
   On a pu remarquer qu'en m'occupant de la position des
artistes dans l'antiquité j'ai omis de parler de celle des
poètes, et ce n'est pas sans raison; car elle était, a ce qu'il
me paraît, fort différente. L'induction contraire résulte, il est
vrai, du passage que j'ai tout à l'heure emprunté à Plu-
tarque. Mais en lisant attentivement ce passage on y décou-
vre une nuance qu'il importe de ne pas négliger. Plutarque
cite bien, a côté de Phidias et de Folyclète, Anacréon,
Archiloque et Philémon, comme étant des personnages dont
il est permis d'admirer les œuvres sans souhaiter d'être l'un
d'entre eux ; mais pour que sa distinction à double tranchant

  (1) Goguct : Origine des lois, des arts et des sciences, t. H, édit. in-4.