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ET DE VINDUSTEIE. 197 notre temps; et comme dans notre société, nos édifices, nos arts, nos ameublements, nos ustensiles ne soutiennent pas, je le reconnais, la comparaison avec les modèles des époques primitives, ils triomphent a leur aise; et, sans ménager les railleries, ils opposent à notre civilisation, orgueilleuse de ses découvertes, le spectacle de la Grèce, resplendissante de chefs-d'œuvre. Je veux à mon tour me transporter en Grèce, dans cette Athènes fameuse où les arts, suivant l'expression de Montesquieu, ont atteint ce degré que de croire les surpas- ser sera toujours ne pas les connaître ; je suis pressé d'aller confronter, sur ce théâtre préparé à souhait, les faits avec k théorie, et de m'assurer en quelle intimité ont vécu, dans ce coin béni du monde, ces puissances réputées hostiles, les lettres et l'industrie ; car je sens que, si j'ai raison a Athènes, il me sera plus facile ensuite de me défendre du décourage- ment, et, en m'expliquant les contradictions, les misères contemporaines, de ne pas désespérer de l'avenir. On a tout dit sur l'art et la poésie des Grecs. Mais habitués à ne les connaître que par les chefs-d'œuvre qu'ils nous ont laissés , nous sommes portés à nous les figurer comme exclusivement absorbés dans le culte désintéressé du beau. La société athénienne nous apparaît comme une aristocra- tie de 20,000 hommes libres, servie par 100,000 esclaves. Les esclaves tournent la meule, taillent les pierres, labou- rent les champs ; les hommes passent de l'Agora au Pnix, des exercices de la palestre à ceux du stade, du Pœcile au Gymnase; ici ils délibèrent sur les intérêts de la République, condamnent Aristide ou décident que la statue commandée a Myron sera de marbre et d'or et non d'airain; nous les entendons encore, comme au temps de Démosthènes, se de- mander sur la place publique: Qu'y a-t-il de nouveau? le roi d'Asie a-t-il déclaré la guerre ou envoyé une nouvelle