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184 ALLOCUTION DU PRÉSIDENT. rude asservissement qui puisse peser sur la race humaine. Car elles ne laissent aucun refuge à la faiblesse, aucune place a la liberté , et quand l'opprimé cherche la main du pontife qui console, il rencontre celle du despote qui l'a frappé. Mais, le droit de discussion est mortel aux croyances factices, aux expédients transitoires ; tout ce qui porte une date de temps, une limite de lieu ne peut supporter sa lumière. 11 n'y a plus de place pour un paganisme impuis- sant ou pour un christianisme inconséquent. Il faut choisir entre la paix de l'unité et les angoisses du doute. Le monde est livré a deux courants contraires : jamais leurs flots ne parurent plus agités, jamais plus de cupidités débordées, jamais plus de généreux élans. Jamais la barque immortelle ne put se croire plus près du naufrage ou du port. Mais si la colonne de feu qui la guide garde encore une face obscure, la lumière se fait dans les hauteurs ; elle éclaire tout ce qui fait la gloire de la société, son ornemenl, ses espérances. Elle étonne, en ce moment, le monde par d'admi- rables spectacles. Aux peuples sensuels de l'Orient, qui rabaissent la femme, et le ciel lui-mSme au niveau de leurs brutaux plaisirs, elle montre ces filles héroïques, qui n'apparaissent qu'aux jours de la douleur, fuyant l'éclat, cherchant les périls, portant la charité pour voile et le dévouement pour bouclier, angeliques messagères que le ciel semble prêter un instant a la terre, pour nous apporter ses consolations et lui reporter nos espérances. Aux peuples graves et raisonneurs du Nord, elle présente ces vétérans de la science, de la politique, de l'armée quî trouvent, dans la hauteur même des situations et des in- telligences , l'impérieux devoir de s'incliner plus profon- dément devant la source de toute force et de toute lumière. C'est, sans doute, un spectacle touchant, que l'humble con-