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                         ÊVÊQJJE DE LYON                        38l
ront, ce nous semble, à tout homme versé dans la littéra-
ture ancienne, d'admettre que l'élégant auteur des Homélies
et de l'Exhortation à VaUrien ait pu la signer. Comment
se résoudre à mettre sur le compte du grand Eucher ce
latin de la décadence qui s'accuse dès les premières lignes
de la lettre à Philon ? « Quœso caritatem et dilectionem tuam,
quam habes perfectam in domino, ut digneris te fatigare
ad monasterium Insulas Barbarae, et videas et exhorteris fra-
trem nostrum Maximum abbatem qui praeest ipsi monaste-
rio : quia pervenit ad nos quod velit ex eo decedere et fratres
suos deserere, et quod multi, propter metum gentium, obla-
tiones suas subtraxerint, quas pro dei inluitu dare consue-
rant... (6). »
   Nous voilà de nouveau, par conséquent, en face de la
même alternative où nous a placés Y Histoire des martyrs de
la légion thébaine. L'épître à Philon porte en titre le nom
d'Eucher évêque de Lyon : Epistola sancti Eucherii lugdu


   (6) Les Romains ne faisaient pas de quœso un verbe transitif,
ils disaient : Peto quasoque ut... — A vobis quœso ut mihi défis;
c'est ainsi qu'aurait parlé Eucher I. On m'objectera peut-être
qu'il a bien pu se servir d'une locution employée déjà par saint
Ambroise dans ce verset si connu : Te ergo qtiïssemus, famutis tuis
subveni. Mais il faudrait prouver d'abord que le Te Deum est l'œuvre
de l'évêque de Milan ; or, comme l'expose très doctement M. l'abbé
Martigny dans son Dictionnaire des antiquités chrétiennes, cette croyance
ne repose que sur une légende « unanimement rejetée par les critiques. »
(Mabillon, Analect. vet., t. I, p. 487.) Les Bénédictins, dans leur
édition de saint Ambroise, dénient absolument à ce Père l'honneur
d'avoir composé le Te Deum ; et divers historiens anglais d'une vaste
érudition, Guillaume Cave (Hist. litter. script, eccles. T. II, p. 75),
Stillingfleet {Orig. Britan., c. IV, p. 221), ont embrassé le sentiment
des Bénédictins français. L'opinion la plus commune aujourd'hui parmi
         N° 5. — Novembre 1886.                            25