page suivante »
DE PUVIS DE CHAVANNES 24S Au pied d'un promontoire couronné par un temple de marbre, le temple, la Muse invite à l'action, en lui tendant un éiseau d'or, le statuaire couché à ses pieds. Au-dessous d'eux s'étale la vie heureuse et simple de l'antiquité, tout près de la nature et l'embrassant : berger jouant de la flûte, femmes dans le délicieux repos offrant au soleil leur incons- ciente nudité, cueillant le fruit, puisant l'eau ou lutinant le bouc; un peu plus loin au bord de la mer d'un azur méditerranéen, la frise de Phidias, s'est détachée du Par- thénon et galope sur la plage aveuglée de lumière ; la caval- cade des jeunes hommes qui se rendent aux Panathénées se détache en blanc pur sur le bleu profond de la mer. Cette évocation est d'un merveilleux effet; qui eût pensé qu'on pourrait encore obtenir quelque chose d'original en s'appro- priant les cavaliers de Phidias ?'... Tout au fond de la scène immense, une haute montagne aux parois abrupts, d'un rouge violacé, barre l'horizon et la mer. La Vision antique est fermement peinte ; le ton profond de la monta- gne et des flots soutient et fait valoir les robustes assises de granit rose du promontoire sacré. La vie grecque se répand dans l'immense campagne, que l'air et la lumière inondent. L'Inspiration chrétienne se réfu- gie dans le monastère fermé dont la porte ne s'ouvre que pour les pauvres et les souffrants, envers lesquels on voit des moines pratiquer les œuvres de miséricorde. Au-delà de la porte, s'étend un préau que nul pas mondain n'a jamais dû fouler; puis le cloître, sorte de campo santo, sous lequel les religieux et les artistes sont réunis et se pénè- trent mutuellement (l'un de ces derniers rappelle les traits d'Hippolyte Flandrin) ; d'autres religieux entretiennent le feu d'une lampe devant la Vierge et l'Enfant, qui sont la grande découverte de l'art chrétien, pendant qu'un artiste