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NÉCROLOGIE 2 21
Chatigny décora d'autres monuments : la chapelle de la Visitation,
à Paray-le-Monial ; une chapelle de la cathédrale de Châlons et trois
coupoles de l'église de Chênelette. Nous ne connaissons pas ces mor-
ceaux. Il peignit aussi dans la chapelle des fonts baptismaux, de l'église
de N.-D. des Marais, à Villefranche, un Baptême de Clovis dont on dit
du bien.
Il a fait beaucoup de tableaux de chevalet, mais peut-être sa vraie
vocation était-elle la peinture décorative. Ses tableaux ne forment pas,
en général, de compositions agencées. Ce sont des études gracieuses,
arrangées avec goût. C'est un Fauconnier, qui se sent de l'atelier de
Couture, une Mêdora dans une charmante tonalité blonde, une Margue-
rite, une Leshie, un peu frêle, une jeune fille avec des fleurs, une autre
portant un vase de laurier-rose, je crois, etc., etc. Couleur toujours
agréable, exécution facile, mais peu poussée et dessin parfois peu serré.
Il y manque peut-être de ces fortes et austères études que l'on faisait
sous la discipline de fer du père Ingres. Un de ces plus aimables mor-
ceaux est un Rousseau endormi sous la grotte des Étroits, qui figura avec
honneur au Salon parisien de 1877.
Le seul tableau que nous connaissions de lui où la composition soit
multiple, c'est celui des Célébrités lyonnaises au Musée de Lyon. C'est
une sorte Se Panthéon lyonnais où se trouvent représentés, comme
dans l'École d'Athènes, les personnages des époques les plus diverses.
Ces compositions abstraites ont besoin d'être vivifiées par une grande
fantaisie d'imagination. Il semble que c'eût été le cas pour le peintre
de mettre à profit ses études sur les maîtres vénitiens, dans une com-
position où la grande architecture, les riches draperies, les belles pers-
pectives auraient tenu une place importante, et où les figures se seraient
étagées, laissant voir dans le fond un paysage lyonnais. L'auteur, au
contraire, a disposé ses figures en groupes divers sur un plan horizontal,
qui est la place Bellecour, au milieu de laquelle s'élève la statue fictive
de la Ville de Lyon. Au fond, passe la procession des martyrs. Sur ce
plan uni et blanc, il ne pouvait y avoir de jeux de lumière ni de
riches effets de coloration. De plus, cette réalité, un peu terre à terre,
laisse sentir la disparate des éléments, et la procession des martyrs du
11e siècle passant devant les façades de Bellecour actuelles ne laisse pas
que d'étonner. Les rapprochements qu'exige une composition de ce
genre ne se peuvent bien faire tolérer que si l'on nous transporte dans
le monde de l'imagination pure.