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i8o HISTOIRE DES DEUX ANTOINE
Bien qu'il eut changé le nom de son royal parrain contre
celui d'un marquis plus avide de popularité que sincèrement
démophile, ce travestissement n'a pas sauvé le pont La-
fayette.
Lorsqu'en 1825, MM. Favier et Lagarenne l'ont cons-
truit, ils ont toujours pensé que les arcs en bois devraient
être changés au bout de leur temps de service ; il paraîtrait
donc plus simple et plus économique de s'en tenir là . On
dit il est vrai que les piles sont fondées trop haut; à cela
on peut répondre que depuis 60 ans il en est ainsi, et
qu'elles n'ont jamais bougé.
Il est donc très probable, même certain, qu'elles tien-
draient encore longtemps, si elles étaient convenablement
entretenues, ce qui serait beaucoup moins dispendieux
qu'un pont tout neuf (2,500,000 fr. et l'imprévu).
Il y a peu de temps, on a changé les arches du pont
d'Ainay et plus anciennement au pont de Serin, les arches
en bois ont même été remplacées par des arcs en pierre,
sans rien changer aux piles.
La dépense d'un grand pont sur le Rhône ne serait-elle
pas plus utile pour remplacer le pont suspendu du Midi,
qui ne peut plus suffire à la circulation ?
Et par dessus tout, cette somme de près de 3,000,000 fr.
ne serait-elle pas plus utilement dépensée, en dégageant
les abords du pont Morand, du théâtre et de la place de la
Comédie, par la démolition du massif de la maison
Auriol ?
Pour le Conseil municipal et la Voirie lyonnaise, cette
question doit être ce qu'était Carthage pour le Sénat
romain, où tous les discours arrivaient à cette conclusion :
Deîenda est Carthago. Il faut démolir la maison Auriol.