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458                  ENCORE L'ESTÉREL

rochers gris-bleuâtre dont les lignes sont moins heur-
tées; le rivage est moins couvert et la forêt moins
épaisse. Aussi, l'harmonie tranquille de ces rives
repose-t-il la vue de toutes ces lignes tourmentées que
l'on a retrouvées partout.
    Cette partie du littoral est exploitée par des carrières
 qui touchent à la mer et qui fournissent du pavé à toutes
les villes méditerranéennes. Cette rive est animée par
 de nombreuses balancelles dont les unes «chargent des
 pavés et les autres des racines de bruyères dont on
 confectionne les pipes et qui après avoir été dégros-
 sies dans des scieries spéciales deFréjus, Saint-Raphael
 et Auribeau sont expédiées dans le Jura d'où elles revien-
 nent terminées et polies.
    Mais, arrivé au pied du sémaphore du Darmond, les
 roches pittoresques et la forêt fleurie reprennent leurs
 places au bord de la mer qui baigne ces hauteurs.
    Quel spectacle ravissant pour celui qui veut bien ris-
 quer la fatigue de cette petite ascension ! Il est certes
 bien récompensé de ses peines par la vue dont il jouit.
    De la terrasse de ce petit poste, le regard embrasse la
grande baie d'Agay, jadis port important, où viennent
encore toutes les années se réfugier les corailleurs napo-
litains qui pratiquent la pêche du corail au milieu des
écueils de ces rivages. Cette baie était défendue autre-
fois par un fort dont il ne reste plus que des ruines,
vieux manoir sans caractère, aujourd'hui habitation
inoffensive et solitaire qui sans la gare des chemins de
fer qui a été installée dans cette localité fût restée aussi
ignorée que l'est Tombouctou.
   Il appartient encore à une ancienne famille seigneu-
riale d'Agay et passe pour avoir renfermé un vieux
mobilier donnant une idée du confortable d'autrefois.