page suivante »
ENCORE L'ESTÉREL 483 d'antiques bâtiments très-considérables attestent la gran- deur et l'importance de la ville, l e phare,qui était à l'en- trée du port, existe encore, parfaitement conservé, et ce- monument, dont la mer baignait le pied, se trouve aujour- d'hui dans une plaine de sable. Ce port,qui, jusqu'en 1556, était encore le siège d'une amirauté, est aujourd'hui com- planté de vignes et de mûriers sur un terrain formé par les atterrissements de la petite rivière de l'Argence. De toutes ses splendeurs passées, il ne lui reste que des ruines à peine visitées par quelques étrangers. Un évêché ainsi qu'une vieille cathédrale datant du xi° siècle, mala- droitement restaurés au xvie, sont aujourd'hui les seuls établissements qui donnent à Fréj us quelque importance. Saint-Raphaël, comme je l'ai dit, peut donc être con- sidéré comme le faubourg de Fréjus; il n'en n'est éloigné que de trois kilomètres. C'est aux premières maisons du village que viennent expirer les dernières pentes des mon- tagnes si intéressantes et si pittoresques de l'Estérel du côté de la mer. En quittant Saint-Raphaël pour suivre ces bords, jusqu'à Agay, on parcourt une côte aussi gra- cieuse que variée ; mais avant de suivre les sinuosités du rivage, faites une heure de halte devant la Villa close d'Alphonse Karr. On peut dire que c'est chez lui qu'est la porte de l'Estérel. C'est là que s'est retiré ce philo- sophe à l'esprit satirique, rassasié du commerce des hom- mes, ne s'occupant que de fleurs et de pêche, et un peu encore de littérature, heureusement pour ses lecteurs, ayant signifié aux passants curieux qu'il ne reçoit per- sonne, Maisonclose. Son jardin, à tous crins comme lui, est un spécimen unique en son genre. Il n'y a ni allées, ni massifs ; pas plus de corbeilles que de bordures. Les plantes y sont parsemées comme au hasard ; mais le jar- dinier a eu soin de consulter le uns goûts et leurs besoins,