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CODVËNT DES MINIMES 325 postérité, leur mérite ne surpassa peut-être pas celui du religieux minime oublié aujourd'hui. Il ne faudrait pas sans doute grandir outre mesure l'im- portance de son œuvre ; la chaire n'a point eu, comme la poésie, un Malherbe pour la tirer tout à coup de l'enflure, delà recherche, et la ramener à une noble et élégante simplicité. La réforme ne se fit qu'avec difficulté et lenteur, mais certainement, si nous écrivions unique- ment un chapitre d'histoire littéraire, nous pourrions intituler celui-ci : un prédécesseur de Bossuet. L'étude des sermons que ce prédicateur nous a laissés confirmera notre appréciation, après que nous aurons dit quelques mots de sa vie religieuse et dé ses controverses avec les protestants. François Humblot était né à Verdun en Lorraine, en 1569, d'une famille obscure, honnête et chrétienne. Dès les premières études, qu'il commença fort jeune, il mon- tra la vivacité de son esprit et la solidité de son juge- ment. • A treize ans, ses humanités achevées, il quitta le col- lège de sa ville natale, et vint étudier la philosophie à 'Pont-à -Mousson. Il retrouvait, dans cette université, les Jésuites, ses premiers maîtres, et les étonnait par son ar- deur à écouter leurs leçons et à les retenir. Quelques mois après, il se rendit à Trêves pour se livrer particu- lièrement à l'étude des mathématiques, et de Trêves il vint à Paris suivre trois fois par jour les cours d'un cer- tain Maurus-à -Forosompronio, très-versé dans la con- naissance de l'antiquité, professeur d'un grand mérite, malgré une pédanterie qui lui était naturelle, et qu'il portait jusque dans son nom latinisé. Après deux ans, le jeune étudiant quitta le maître, dont il s'était fait un ami, et suivant la coutume d'alors, riche de savoir et