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                       POÉSIE

Et là bas, pantelant, au bord de la falaise,
Ce beau gneiss allongé, soutenu sur la glaise
Par quelques galets ronds, près du gouffre béant ?
Demeurés à l'abri de la vaste cymaise,
Ces galets tout striés au sortir du néant,
Comme en un livre ouvert retracent sa genèse.

Puis ici, bien plus près, au flanc de la colline,
Au pied d'un châtaignier, ce dé de protogyne
Qui semble rappeler un antique tombeau ?
L'arête, vive encore au loin, qui le dessine,
Véritable épitaphe, en un style nouveau,
Au plus léger coup d'œil trahit son origine.


Et, traçant comme un arc devant cette vallée
Dont les flancs moutonnés par leur forme ondulée,
Du bras qui les plana sont restés pour témoin?
Voyez-vous ce chaînon, dont la pente est criblée
De maints débris rocheux dont la source est si loin
Que par les savants seuls elle fut révélée !


Ou s'épanouissant jusqu'aux bords de la Saône,
Cet immense dépôt que le glacier du Rhône,
A la fin de sa course, en Dombes a laissé !
Alors déjà, peut-être, au pied du vaste cône,
De ce lehm un chasseur pétrissait le pisé,
Dont il faisait sa hutte auprès de quelque lône.


Lehm, galets ou grands blocs, éléments des moraines,
Dans votre long chemin, des hauts monts à nos plaines,
Vous tracez bien la pente où vous avez passé !
Que d'arrêts cependant ! j'en compte par centaines !
La pesanteur n'eût pu, dans ce lit hérissé,
Conduire vos glaciers à nos rives lointaines.