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442 JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS obscur et là on y célèbre des mystères . . . . . . . . Le prophète est à la Bastille et le trésorier nommé don Augustin a prudem- ment emporté la caisse en Hollande, laquelle, est assez bien garnie. Les spectacles sont assez languissants. L'Opéra en est toujours à sa langoureuse Iphigénie (1 ) et où la Maure et Chassi (2) qui en sont l'ornement, font encore bien regretter Journet (3) et Thévenard (4). On prépare pour la première semaine de Carême Deidà me ou l'Éducation d'Achille par Danchet et Campra : le prologue sera l'apothéose de Qui- nault et de Lulli. La Comédie française donne une pièce* nouvelle qui a un succès prodigieux tant par la singu- larité du fond que par l'esprit, les sentiments qui y régnent de toutes parts, quoiqu'elle pêche d'ailleurs contre la vraisemblance et que les incidents en soient tous forcés, et sans action ni intrigue : Un jeune seigneur inconstant et infidèle à son épouse, se trouve à la campagne avec elle, et il s'avise d'en redevenir amoureux, mais le pré- jugé à la mode qui fait une honte aux grands de montrer une passion qui n'est faite que pour la bourgeoisie, l'empê- che d'en faire l'aveu à sa femme, et pour satisfaire en quel- que façon à son goût, il lui donne des fêtes et l'accable de présents anonymes, ce qui commence à n'être pas très vraisemblable : il fait confidence de ses transports à un (1) Iphigénie en Tauride, tragédie-opéra* commencée par Duché et Desmarets, achevée par Danchet et Campra, jouée en 1704. (2) M. de Chassi, basse-taille, débute en 1721 à l'Opéra et se retire en 1757. (3) François Journet, de Lyon, mort en 1722. (4) Gabriel Thévenard, basse-taille estimé, retiré en 1750. A soixante ans il devint amoureux d'une jeune fille dont il avait seulement vu la pantoufle chez un cordonnier. Il parvint à la découvrir et obtint sa main en grisant un oncle, de ]a demoiselle.