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434                  LE SALON DE 1878

bien ! vraiment, je ne comprends pas ces reproches. Ja-
mais M. Compte-Calix, qui est toujours spirituel et qui
poétise tout ce qu'il touche, ne s'était montré plus smcère
et moins léché que dans ce tableau Quant à l'intérêt cen-
tral, il existe dans le groupe des fiancés qui sont ravis-
sants d'ingénuité et de grâce ; les jeunes femmes groupées
à droite sont toutes jolies sous leurs petits chapeaux poin-
tus, ce qui ne les empêche par d'avoir le vrai type bres-
san ; la table des vieux, la mère sur le seuil de la porte,
les violoneux perchés sous la treille, et au-dessus la ter-
rasse où sont installés les notables sous la présidence du
curé, tout cela est bien vrai, quoique légèrement embelli,
 ce n'est pas du Watteau, c'est du Compte-Calix, c'est
un genre et un style exquis, dont notre musée ne possède
aucun échantillon. On sait que le conseil municipal de
 Lyon a voté une somme de six mille francs pour faire
 chaque année l'acquisition d'une des meilleures œuvres
présentées au salon. La commission executive de la Société
des Amis-des-Arts fera bien de ne pas laisser passer en
des mains étrangères la Noce bressane et d'affecter à ce
tableau la somme dont elle dispose.
   Deux autres petites toiles du même artiste sont em-
preintes d'un caractère de tristesse et de mélancolie : Le
soir de Toussaint (n° 147) représente la sortie du cimetière
après la visite aux chers défunts ; le fossoyeur, sa lanterne
à la main, ferme la grille du lieu vénéré, tandis que des
groupes de femmes et d'enfants descendent lentement la
colline et regagnent leur demeure où brille la flamme du
foyer. Le n° 148 représente des enfants qui se chauffent
avec des feuilles mortes : ciel d'hiver, lointain brumeux.
Décidément,'toutes les toiles de M. Compte-Calix don-
nent à penser : c'est ce qui les fera vivre.