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LA BATAILLE DE NÉZIB 43
chevaux et les mulets de l'armée égyptienne, capturait
les troupeaux et les bergers, attaquait les villages et oc-
pait Ouroul et Mezzar sur la frontière, enfin, bientôt
après, quatorze autres villages autour d'Aiintab.
A ces provocations, Ibrahim ne répondait que par des
lettres au général turc pour se plaindre de sa conduite,
et à son père pour le tenir au courant de sa position
difficile ; il n'en restait pas moins imm'obile et tranquille
à Alep, autour de laquelle Soliman faisait faire de gran-
des manœuvres pour rompre les soldats au commande-
ment, les mettre dans la main de leurs chefs et les habi-
' tuer à la bataille qui allait se livrer. On savait en Egypte
ce que valaient les régiments exercés par Soliman.
Ces exercices étaient suivis avec tant d'exactitude et
de précision, qu'un colonel étant arrivé trop tard sur le
champ de manœuvre, fut aussitôt condamné, en expiation
de sa faute, à offrir un grand dîner aux généraux e t . . . Ã
boire avec eux aux prochains succès des drapeaux égyp-
tiens. Si la faute n'était pas énorme, la punition n'était
pas non plus exhorbitante, et le colonel la subit joyeuse-
ment.
Cependant, malgré les ordres du vice-roi, et l'obéis-
sance d'Ibrahim, la patience des Egyptiens ne pouvait
être éternelle. Haflz ayant attaqué Aïntab où Ibrahim
avait laissé un bataillon, non pour défendre la ville, mais
pour observer l'ennemi, cette insulte fut la dernière qui
dut rester impunie ; le généralissime égyptien écrivit Ã
son père, une dernière fois, et, le 29 mai, il partit d'Alep
avec sept régiments de cavalerie et douze batteries d'ar-
tillerie légère. Il ne craignait pas un soulèvement en
Syrie, le dernier chef des insurgés du Liban, ce Chebil-
el-Arian, que son audace et son intrépidité avaient
rendu si redoutable, satisfait désormais des concessions