Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                 LA TURQUIE AU XVIe SIÈCLE.                487

 chrétiens l'a toujours emporté. Les deux races, séparées par
 la religion , ne se sont confondues à aucune époque ; (es
 conversions forcées a l'islamisme ont cessé peu après le
 règne de Soliman , et les conversions volontaires , plus ou
 inoins rares suivant les temps, n'ont jamais été que des
 exceptions.
    La condition des Grecs était misérable, comme celle de
 lous les peuples opprimés. Quelques générations suffirenl
 pour faire tomber la masse de la nation dans un abrutisse-
 ment à peine tempéré par l'influence religieuse des popes ,
car les prêtres grecs n'échappèrent pas aux vices du temps
et à la corruption inséparable de l'état social que les Turcs
leur avaient fait. Ils eurent pourtant le mérite d'entretenir
au plus haut degré l'attachement au christianisme et l'esprit,
national de leurs coreligionnaires ; ils empêchèrent ainsi
qu'il y eût de prescription contre le droit des population*
chrétiennes.
    Mais au XVIe siècle ces populations, complètement subju-
guées, et périodiquement épuisées par l'enlèvement des jeu
nés gens et des jeunes filles qui recrutaient les armées et
les sérails, ne songeaient pas, comme elles firent plus tard,
à s'insurger contre un joug odieux. Elles courbaient la tète
en silence. Elles voyaient d'ailleurs leurs chefs naturels, le*
représentants des premières familles grecques , accepter la
domination musulmane. Parmi les héritiers des grands noms
byzantins , les plus fiers se vengeaient de leur asservisse
ment en accaparant le monopole du commerce et de la ban
que, que le gouvernement turc leur laissait par dédain ; quel
ques-uns abjuraient; car a cette époque les abjurations
étaient moins rares, au moins dans la classe élevée, qu'elles
ne sont devenues depuis. Les Grecs renégats, qui donnèrent
à l'Empire quelques-uns de ses plus illustres personnages ,
portèrent dans les rangs des Turcs la supériorité de leur