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488 LA. TURQUIE AU XVIe SIÈCLE. génie et de leur culture européenne; ils furent des intermé- diaires naturels entre la Porte et les puissances de l'Occident. Cette double situation des Grecs explique le peu de sym- pathie que l'Europe leur témoigna. Déjà la différence des rites grec et latin avait empêché toute union au XVe siècle. Au XVIe siècle , le sort des chrétiens d'Orient touchait fort peu les occidentaux, et c'est à peine si la pensée de les pro- téger ou de les délivrer de l'oppression est exprimée de loin en loin dans les actes diplomatiques. Evidemment, en se préoccupant des Turcs, l'Europe ne songeait qu'à elle-même et à ses propres dangers. Le pape fort menacé, et à un double titre , comme souve- rain de Rome et comme chef spirituel de la chrétienté, donna le premier signal de l'alarme. Léon X craignit pour l'Italie dès le règne de Sélim. Il représentait dans ses dépêches le jeune Soliman les yeux attachés sur la carte de la Péninsule et y cherchant un lieu de débarqueznent pour les flottes ot- tomanes. Les Turcs avaient déjà paru sur le littoral romain. Il écrivait à François 1€V : Pia arma sumamua. antea gloriosa. nmic vero necessaria. C'était, en effet, au Saint-Siège qu'il appartenait de réveil- ler la chrétienté, et de ressusciter la politique des Croisades. Il faut ajouter que, malgré les dangers particuliers de Rome et de l'Italie, la cour pontificale était incontestablement celle qui jugeait la question orientale au point de vue le moins exclusif et le plus élevé. LéonX envoya en 1518 a François I" le plan d'une guerre offensive, qu'il disait être devenue tout à fait nécessaire et pour laquelle il avait tout prévu. En cette année, la paix de l'Europe semblait assurée, et le Saint-Siège se croyait assez fort pour prévenir toute discorde nouvelle entre les princes. Le pape proposait la formation d'une armée européenne de soixante mille fantassins, la plupart arquebusiers, douze