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202           LE RAJEUNISSEMENT DE LTON.
 Mais insensiblement, quittant cette éminence,
 Ses habitants d'Arar recherchèrent les bords,
  Puis enfin jusqu'au Rhône arrivèrent ; alors,
 Remplissant par degrés les places encor nues,
 De nouvelles maisons vinrent former des rues ;
 Mais, des alignements la loi n'existant pas,
 On bâtissait en haut, on bâtissait en bas,
 En avant, en arrière, où l'on voulait, n'importe :
 C'était un vrai chaos, pour tout dire ; de sorte
 Qu'à la suite des temps, et petit à petit,
 La gauloise cité de la terre sortit,
 Grande, point régulière, et n'offrant à la vue
 Que tortueux sentiers, que routes sans issue.
 De nobles monuments l'ornèrent toutefois;
 Là, l'indigent malade eut un palais de rois ;
 Il s'y ht de beaux quais, deux places magnifiques,
 Et des temples divins, aux voussures gothiques,
 Dont les superbes tours de loin se remarquaient;
 L'air seul et la lumière à tout cela manquaient.
 De Tantale, d'ailleurs, réalisant l'histoire,
 Sur deux fleuves placé, Lyon ne pouvait boire ;
 Que dis-je? il ne le peut même encore aujourd'hui,
 Car l'eau n'arrive pas librement jusqu'à lui ;
 A l'aide d'un piston il l'arrache à la terre,
 Et du nerf de ses bras sa soif est tributaire.


 Ces choses vont changer; un immense abatis
 De sordides maisons, d'ignobles appentis,
 Entre deux grands quartiers déjà fraie un passage,
 Et l'on verra bientôt, précieux avantage,
 S'unir, par un chemin plus splendide et plus court,
 Aux opulents Terreaux le noble Bellecour.
 Le Commerce, chéri d'une cité qu'il aime,
 Verra ceindre son front d'un brillant diadème,
 Et pourra, roi logé dans son propre palais,
 Y coter les valeurs, y rendre ses arrêts.