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          BULLETIN      BIBLIOGRAPHIQUE.            46




                           II.


          SUR LA MORT DE SIGALON.




Lorsque, fendant les (lots de la mer de Thyrrène,
Ton vaisseau t'emportait vers la plage romaine.
La lyre en main, debout sur les dalles du port,
Ma muse à mes adieux mêlait sa poésie,
Et croyait, dans l'espoir dont elle était saisie,
T'envoyer au triomphe, et non pas à la mort.



Mais la mort est, hélas ! mêlée à toute chose :
Lorsque nous projetons, la cruelle dispose,
Et coupe nos chemins d'un funèbre fossé ;
L'un expire au moment d'achever sa conquête,
Celui-ci tombe au pied d'une toile incomplète,
Et l'autre, avant la fin d'un hymne commencé.



Au moment de jouir des labeurs de leur vie,
Quand ils ont subjugué l'œil même de l'envie,
Serpent qui s'entrelace à tout ce qui grandit,
Je ne sais, de nos jours, quelles fatales causes,
Font tomber à la fois les hommes et les choses,
Et remonter au ciel tout ce qui resplendit.



Tendre ami, qui, versant ton ame dans mon ame,
Du saint amour de l'art y ranimais la flamme,
Et m'inspirais des vers dignes de tes tableaux :
Toi qui, n'ayant jamais qu'une aimante parole,
Et toujours oublieux de ta propre auréole,
Renvoyais noblement l'éloge à tes rivaux ;