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392                BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
des abus inséparables de toute institution humaine un sujet de dé-
clamations et de satires.
   Saint Etienne Harding était né vers l'an 1066. Après avoir vécu
quelque temps à Sherbourne, monastère auquel ses parents l'avaient
offert tout jeune, il passa en Ecosse, et bientôt à Paris, puis à Rome.
Le pèlerinage au tombeau de saint Pierre était alors pénible et dan-
gereux , mais Rome n'en restait pas moins la merveilleuse cité que
des foules de pieux chrétiens ambitionnaient de voir et de toucher
une fois en leur vie. Quelques paroles que l'on trouve dans les écrits
de Bède, nous donnent une idée de l'enthousiasme qu'on nourris
sait alors pour la ville éternelle et pour ses monuments. « Lorsque
le Coiisée tombera, dit ce savant prêtre de l'Angleterre, Rome
tombera avec lui ; quand Rome tombera, le monde devra également
crouler. » M. Dalgairns expose lui-même avec charme les incidents
et le caractère d'un pèlerinage à Rome, au moyen-âge.
   Etienne, à son retour de Rome, s'arrêta dans un petit monastère du
diocèse de Langres, appelé Molesme,et, témoin du relâchement qui s'y
faisait sentir, il voulut s'établir ailleurs avec quelques amis, disposés
comme lui à embrasser les rigueurs de la vie monastique. Il choisit
donc, en Bourgogne, un endroit sauvage et inculte, mais pittores-
que, comme la plupart des sites d'anciennes abbayes. Dès ce jour-
là, Cileaux se trouvait fondé, et attendait l'illustre saint Bernard,
qui donna un grand éclat à la naissante abbaye, en même temps
qu'il lui offrit le bon exemple de ses vertus, et que sa parole de feu
porta Suger à introduire dans Saint-Denis la réforme des Cister-
ciens.
    Les années de saint Etienne Harding s'écoulent silencieusement,
au milieu de ses efforts pour le rétablissement de la discipline et le
 bien de l'Eglise, et lorsque son Ordre arrive au plus haut degré
de prospérité, voilà le pieux abbé qui disparaît. Tel est le sort des
 saints. « L'homme, disent nos Ecritures, va à son travail jusqu'au
 soir, et il le laisse inachevé pour aller se reposer dans la tombe. »
    Etienne y alla donc le 28 mars 1134.
    « Le 17 avril, jour auquel son nom se trouve dans le martyro-
 loge, et auquel on faisait sa fête, dit M. Dalgainrs, était proba-
 blement le jour de sa canonisation. Aujourd'hui, sa fête est oubliée