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7'i                          EXPOSITION

 est faible, sans correction, sa couleur froide, et la composition ren-
 due d'une manière trop mélodramatique pour être touchante. L'ar-
  rangement des mains de ces enfants est malheureux, et les figures,
 d'un mauvais choix, relèvent bien plutôt de la fantaisie que du
 goût.
    Nous voudrions pouvoir louer M. Isabey sans restriction, car
 nous avons pour son talent la plus vive sympathie ; il y a, dans
 l'éclat de son pinceau, quelque chose de si riche, de si brillanl,
qu'on a de la peine à se défendre de l'enivrement que cause le pre-
 mier coup-d'œil, mais quand le regard s'est habitué à ce fracas de
 lumière et de couleur, la critique ne peut rester muette devant un
des plus gros mensonge qui se soit fait dans la peinture romanti-
que : il est vrai que ce mensonge est plein de charme. En le voyant
à six pas, on ne peut résister à cet effet piquant, mais déraison-
nable ! La lumière , l'ombre , les reflets sont capricieusement
jetés sur les fabriques et les figures ; on dirait une féerie, ou une
de ces délicieuses impossibilités que les Anglais arrangent si mer-
veilleusement en vignettes ; approchez-vous , cherchez quelque
chose dans ce brouillard coloré, il n'y a rien ; tout a disparu
comme dans un songe ! Il fallait si peu de chose pour que ce fut
charmant ! Au reste, M. Isabey a peut-être raison de persister
dans le faux style de cette nature impossible, puisqu'il lui doit ses
succès.
   Quoique dans ses ceps de vigne, M. St-Jean se soit montré plus
sobre d'effets qu'à l'ordinaire, il n'a pas renoncé entièrement à sa
manière transparente d'employer la lumière, qui est l'écueil de son
talent. Ce défaut est surtout sensible dans un raisin blanc, très lu-
mineux, très brillant, très éclairé, sans qu'on puisse deviner d'où
vient la lumière. Son vase de fleurs est , selon nous, supé-
rieur comme touche , comme ton , et comme mérite, au tableau
dont nous venons de nous occuper; il est difficile d'approcher
plus près de la nature ; rien de léger, de velouté, de frais, comme
ces fleurs peintes avec une finesse de coloris admirable. Ce tableau
est certainement un des meilleurs du maître.
   Nous avons aussi un vase de fleurs de M. Grobon, qui n'est pas
sans qualité , mais qui affiche tant de prétention à l'effet, qu'il