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122 HYGIÈNE DES FAMILLES. aujourd'hui qu'elle a triomphé, son rôle doit désormais se borner à maintenir un juste équilibre entre la matière et l'esprit, à défen- dre l'intelligence et la liberté humaine contre l'envahissement et le despotisme des sens, et à favoriser le développement harmonique du corps et de l'ame. Sans vouloir, à l'exemple de certains esprits chagrins, éga- rés par un pessimisme absurde, nier tout bien, tout progrès, toute amélioration, nous affirmons, sans crainte d'être démenti, qu'il y a au sein des sociétés modernes un mal profond, qui va sans cesse en s'aggravant, et auquel il est urgent de porter remède. Il est évi- dent, avons-nous déjà dit, pour tous ceux qui veulent voir que dans les grands centres de population surtout, la race humaine est dégé- nérée, et que son type originel se dégrade et s'altère de plus en plus. Pour quiconque porte en soi l'idée du beau et l'amourde ses sembla- bles, il y a une intarissable source de douleur et de tristesse dans le spectacle incessant de toutes les misères qui s'agitent au sein des gran- des cités. Les regards rencontrent partout la souffrance, la laideur, la difformité, tristesproduitsde la maladieetde la dépravation. L'insa- lubrité de l'air et des habitations, l'insuffisance de la nourriture, l'exa- gération du travail; telles sont, avec bien d'autres encore, les agents de cette dégradation. Qu'on ne vienne pas nous opposer les données fournies par la statistique, et nous démontrer, à l'aide de l'inexo- rable logique des chiffres, l'accroissement continu de la population et l'augmentation progressive de la durée moyenne de la vie. Tant que ces froids calculateurs qui font de la morale et de l'hygiène pu- blique avec des chiffres, ne nous auront pas prouvé que la somme des souffrances humaines marche dans une progression inverse de celle que suivent la population et la durée moyenne de la vie, nous persis- terons à considérer leurs opérations numériques comme bien plus propres à égarer l'opinion publique, et à entretenir l'indifférence dans les esprits, qu'à les éclairer sur la gravité et l'étendue du mal. Pour exprimer en quelques mots toute notre pensée, nous dirons que le problême qu'il est urgent de résoudre, consiste moins à trouver les moyens de favoriser l'accroissement des populations qu'à les régénérer; à reculer les bornes de la vie moyenne, qu'à la rendre plus facile et moins rude à supporter pour le plus grand