Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                             467
 approches du siège de la ville , redoutant ses rigueurs et ses conséquences,
 elles demandèrent à Eynard de se retirer avec lui dans sa maison de cam-
 pagne, à Frauclieville, où elles passèrent celle époque de malheurs. Une
 surveillance active était exercée sur les étrangers ; pour empêcher toutes
 recherches, pour sauver plus sûrement les dames de Sauvebœuf, alors ap-
 pelées Ferrières, eu hôte généreux, Eynard se décida à les protéger encore
 de son nom plébéien, connu depuis long-temps. Veuf d'une première femme,
 au mois de nivôse an 2 (11 janvier 179-4 ), il épousa, à la municipalité de
 Francheville, Mlle Louise de Ferrières. La formalité de l'acte civil fut accom-
 plie; mais dans la suite, Eynard soutint que ce mariage était nul, qu'il avait
 été contracté par des personnes qui n'avaient pas l'intention de le faire réel-
 lement; il le donna comme un acte de dévouement de sa part, qui n'avait
produit d'autre rapport que celui d'une union apparente. Les relations ne
s'établirent jamais , dit il, d'une manière plus intime qu'avant le mariage.
Lorsque les jours mauvais furent passés, celte union ne fut pas consacrée par
l'église; loin de là, il y eul divorce, suivi bientôt de brouille avec la fa-
mille de Sauvebœuf. M"e de Ferrières, presque sans fortune, avait espéré
imposer son alliance à Eynard, mais elle ne fit que le froisser par ses exi-
gences; il repoussa la domination de celle femme impérieuse, qui pensait
déroger en épousant un médecin , et lui reprochait parfois sou amour pour
un état roturier ; elle voulait un mari qui vécut noblement, c'esl-à-dire sans
rien faire. Et lorsqu'à sa campagne, Eynard secourait les malheureux , elle
affectait de l'appeler chirurgien de village.
   Après la séparation , il fut traîné devant les tribunaux ; comme complé-
ment de ses bienfaits, on lui demanda une pension alimentaire de 4,OUI)
livres. Ayant épuisé toules les voies que sou désir de la paix, sa répugnance
pour l'éclat, lui suggérèrent, Eynard accepta le procès, se défendit lui-
même, exposa les faits dans leur véritable jour, fit avec dignité le récit
 des souffrances intérieures qui étaient le prix de ses services, combattit les
atroces calomnies répandues par ses adversaires 1). Son plaidoyer fut admira-
ble d'éloquence et de discussion ; les premiers orateurs du temps ne l'auraient
pas désavoué. Un Mémoire sur celte affaire fut publié eu l'an ix, imprimé
rue Saint-Dominique , chez Pelzin et Drevon.
   L'acte de mariage était authentique, les juges ne purent considérer que
la loi ; mais en reconnaissant sa validité , ils réduisirent les prétentions de
la demande à une faible pension de 500 livres qui ne fut payée que peu de
temps. MUe de Sauvebœuf mourut bientôt après.

  ( i ) On n'avait pas rougi clc l'accuser d'avoir Tait mourir «a première femme, en s'entcndant
a vec un confrère pour l'expédier. ( TEXTE D'UN IMMPHXET ) .