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380 » Une promenade aux jardins dé Sceaux acheva dé mé décider.., Mon émotion était d'autant plus vive, qu'elle était plus retenue. Je brûlais d'en faire l'aveu, mais à qui l'adresser ? et comment serait^il reçu ? La bonne mère y donna lieu. Dans l'allée où nous nous promenions, elle était à deux pas de nous avec son frère. — Il faut, me dit- elle en souriant, que j'aie de la confiance en vous, pour vous laisser ainsi causer avec ma fille tête-à -tête. — Madame, lui dis-je ; il est juste que je réponde à cette con- fiance^ en vous disant de quoi nous nous entretenions. Mademoiselle me faisait la peinture du bonheur que vous goûtez à vivre ensemble tous les quatre en famille : et moi j à qui cela faisait envie, j'allais vous demander si un cin- quième, comme moi, par exemple, gâterait la société; — Je ne le crois pas, me répondit-elle, demandez plutôt à mon frère. ^- M o i , dit le frère avec franchise, je trouverais cela très bon. — Et vous ^ Mademoiselle ? —- Moi ^ dit-elle, j'espère que mon oncle l'abbé sera de l'avis de maman ; mais jusqu'à son retour, permettez-moi de garder le silence. « L'abbé se fit attendre, enfin il arriva : et quoique tout se fût arrangé sans son aveu, il le donna. Le lendemain le contrat fut signé. Il y institua sa nièce héritière après sa inort^ et après la mort de sa sœur; et moi, dans cet acte dressé et rédigé par leur notaire je ne pris d'autre soin qlïê été r e n d r e , après moi, ma femme heureuse et indé pendante de ses enfants. « Jamais mariage ne s'est fait sous de meilleurs auspices. Gomttie la confiance entre M.lle de Montigny et moi était mutuelle et parfaite^ et que nous nous étions bien persuadés l'un l'autre du Vœu que nous allions faire à l'autel, nous l'y prononçâmes sans trouble et sans aucune inquiétude.