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324 « moyens de Je polir.,. J'ai passé le plus beau temps de mon « âge loin de la cour et des bons esprits, sous un climat « étranger et assez froid pour éteindre quelque petit feu « que j'aurais pu apporter de ma naissance, et, depuis quatre « ans que je puis me dire Lyonnais, j'ai de la peine à me croire « en France, vu qu'il me faut converser jour et nuit en toute « autre langue qu'en français (1). » Le privilège pour l'impression de Lyon dans son lustre est daté de 1655; Chappuzeau vint donc à Lyon vers 1651. Né p a u v r e , il chercha par son goût pour la poésie et pour la médecine à réparer les torts de sa mauvaise fortune. On verra qu'il ne put en venir à bout, et qu'il ne rencontra point dans les antichambres des grands ce qu'il n'avait pas trouvé sous le toit paternel. Fut-il heureux à Lyon? Il semble que oui. Son livre prouve du moins qu'il y jouissait d'une certaine considération. Pour en revenir à notre c i t é , il dit « qu'elle est à la fois ce « qu'une Florence la b e l l e , mie Naples la gentille, et une « Gênes la superbe sont séparément (2). Le N o r d , qui pousse « souvent sa bise avec trop de violence , ajoute-t-il, n'a pas .« sur elle un empire l i b r e , et la Crois-Rousse offre un bon « écran contre ses froideurs. Fourvières s'oppose de même « aux tourbillons du Couchant, et le Midi est d'intelligence « avec le soleil pour ne lui envoyer jamais de nuages si épais « que ce grand flambeau ne perce de ses r a y o n s , ou que sa « chaleur, des plus tempérées, ne fasse dissoudre en pluies « fécondes , pour engraisser son riche terroir (3). » J'aime beaucoup cet éeran, mais nos dames conviendront qu'il n'est pas très-efficace contre les froids septentrionaux. L'intelligence du Midi avec le soleil m'est aussi quelque peu suspecte. N'y regardons pas de si près néanmoins. (1) Lyon dans son lustre, pag. 5-6. m Pag. 9. (3) Pag. 10.