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206 ter sur la France, soit qu'une main providentielle le gardât ce>aime un fils, il quitta ses fonctions municipales justement à l'instant où il les fallait quitter pour éviter le sort de Bailly, et se réfugia dans la science et le muséum d'histoire natu- relle. C'était à la même époque où celle belle institulion venait de recevoir son organisation définitive, celle qui la régit en- core. Tout s'y trouvait merveilleusement réglementé pour sa prospérité ; seulement les fonds manquant absolument, l'or- ganisation devenait lettre morte. Il fallait donc faire marcher l'établissement sans argent. Tâche pénible à laquelle M. de Jussieu se dévoua durant toute la crise révolutionnaire, pro- blême difficile qu'il parvint cependant à résoudre. Par quels moyens ? C'est là une de ces questions auxquelles il serait trop long de répondre ici, mais chacun devine assez combien M. de Jussieu dut y employer de persévérance, d'intelli- gence et d'activité, pour reconnaître dans cette direction dû muséum un de ses titres les plus notables à l'estime et à la gratitude du monde savant. Ajoutons qu'il mit le comble aux services qu'il rendit de ce côté , en écrivant l'histoire du jar- din du r o i , depuis sa fondation jusqu'à la mort de Buffon ; (16avril 1788). « La clarté, » dit M. de Chevreul, qui a con- « sacré quelques lignes à cet utile travail, « la correction et « l'élégance du style feraient lire cette histoire avec plaisir^ « lors même que le savant n'y trouverait pas Je grand nombre « de faits précieux qu'on y remarque sur l'établissement et < sur les hommes qui y ont été attachés. » c Cependant l'ordre s'était rétabli peu à peu; l'argent reve- nait aux administrations publiques, mais non pas aux vic- times de la tourmente financière, sœur et compagne inévi- table de troubles tels que ceux de 93. M. de Jussieu était du nombre de ces victimes ; il avait perdu à la réduction des rentes et au remboursement des assignats, presque toute la fortune qu'il tenait de ses grands oncles et dont le premier, Antoine, avait été le créateur par sa pratique médicale trèS- étendue. Ainsi, pour prix de tous les nobles travaux dont