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mier beau jour, je criai à Dieu : Désormais je ne te crains plus (1).
    A la fin de mes jours, je voulus rentrer en grâce avec Dieu,
et la pénitence n'aurait pas encore diminué ma faute, si Pierre
Pettinaio(2) n'avait eu souvenir de moi dans ses saintes prières.
Sa charité eut pitié de ma misère.
    Mais toi, qui es-tu, qui vas demandant qui nous sommes ;
qui marches, comme je le crois, les yeux ouverts, et qui me
parles vivant encore?
    Que ne puîs-je, m'écriai-je, perdre ici la vue à mon tour!.,
mais que ce soit pour peu de temps : car l'envié l'a peu éga-
rée, et je péchai peu de la sorte. Mon ame est saisie d'une si
grande frayeur pour les tourments qui s'endurent ici dessous,
jue leur poids m'oppresse.
   Qui donc, dit-elle, t'as conduit ici parmi nous, toi qui
;rois pouvoir redescendre?
   Celui, répondis-je, qui est avec moi et garde le silence.
   Je suis vivant; demande-moi donc, esprit prédestiné, si
 u veux que, là-bas, je me donne quelque mouvement pour toi.
   Oh! ce que lu médis est une si étrange merveille,répondît-
sll.e.» que c'est un signe éclatant que tu es aimé de Dieu. Ta
)rière vient de me réjouir et je te supplie, parce que tu as
te plus cher , si jamais tu foules la terre de Toscane , d'aller
 établir mon honneur auprès de mes proches. Tu les trou-
 eras au milieu de cette nation orgueilleuse qui espère en
Talamone (3) et pense y envoyer ses amiraux commander
es armées navales. C'est un prestige qui s'évanouira comme
 a chimère de la Diana(4).                      A. BONJOUR.

  (1) Dante fait ici allusion à l'oiseau qui, séduit par l'éclat trompeur d'un
eau jour d'hiver, commence ses chants que le retour du froid le force
ientôt à cesser.
  (%) Ermite Florentin.
  (3) Port des Siennois par lequel ils espéraient briller sur mer,
 (4) On dit que les.Siennois croyaient jadis qu'une rivière souterraine,
insi nommée, passait sous leur ville et devait l'enrichir, et qu'ils firent
n vain des fouilles à cet effet.