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pensé qu'il se fust trouué aucun si ouvert de gorge pour men
tir, qui eust osé fonder sur vn fait tant public si puantes et
si atroces calomnies ? Vn sage Romain disoit iadis que mal-
heureux est le prince à qui la vérité n'a libre accès : et moy
ie tien beaucoup plus infortunez les peuples desquels les sy-
cophantes se vondroyent targuer pour establir et mettre en
crédit leurs mensonges. Ce que l'auteur de ce libelle diffama-
toire (qu'on tient estre sorti de Geneue)a voulu faire de vous
(messieurs) prétendants peut-estre qu'auec votre tacite con-
sentement vous authoriserez ses menteries. Or moy, pour le
débouter de ceste espérance et ne permettre que ce tort vous
soit fait, i'ay donné au public ce contre-escrit, qui tesmoi-
gnera aux peuples les plus esloignez ce qui est de la vérité, et
que cet escriuain doit estre condamné pour tel qu'il est,, c'est-
à-dire pour menteur, imposteur et calomniateur sans aucune
reseruede vergongne.
   Son infâme récit contient en tout sept pages, et icelles non
entières. 11 deuoit grossir son volume puisqu'il estoit résolu
de bien mentir. Mais comme en vn petit parchemin celuy
comprit beaucoup, qui descriuit toute l'Iliade d'Homère (1 ) :
ainsi sur ce peu de papier cest homme a es talé des plus insi-
gnes menteries, et non seulement menteries, ainsencore ca-
lomnies et malices remarquables. le m'en vay en marquer
quelques vnes desquelles ie m'asseure que vous, qui auez
esté tesmoins oculaires de tout, aurez occasion de vous es-
tonner auec moy.
   Le titre qu'il donne à celte Action , est d'estre « Vne come-
 « die, et dit qu'elle a esté dressée pour donner du passe-temps,
« se moquer de Dieu deuant les yeux de toute vne ville , ex-
 « poser en risée la saincle vérité , et en faire vn ieu de
 « trois iours : et qu'enfin ce n'a esté qu'vne drôlerie. »

  (1) Cicéron, dans un de ses ouvrages que le temps nous a envié , faisait
mention d'une Iliade d'Homère, écrite sur parchemin et renfermé dans une
coquille de noix. Voyez Pline l'Ancien, livre vm, chap. 41.