Revue du Lyonnais » série 1 - n°5 ( 1837 ) » pp.094

                                94
 « et à cinquante autres preuves et circonstances que l'on avait
 « eues d'ailleurs, que jamais affaire de cette nature n'a été
 « mieux éclaircie. »
    Voilà ce qui se passa à Lyon en 1692. Cet événement oc-
cupa fortement les esprits. Si la baguette d'Aymar aida à
l'issue du procès, le procès à son tour sembla mettre au rang
des choses dont la vérité n'est plus douteuse les prodiges qu'é-
tait capable d'opérer la baguette d'Aymar. On différa seule-
ment dans la manière d'expliquer les effets de la baguette.
Était-ce un phénomène dont les lois du monde physique
pouvaient rendre raison? Était-ce le produit de l'interven-
tion d'une puissance surnaturelle? La dispute prit son es-
sor sur ces délicates questions dont je dirai quelques mots.
   Plusieurs écrits parurent à ce sujet. Ils attestent à quelles
vives préoccupations furent entraînés les contemporains, r e -
muant à propos de la baguette toutes les ressources de la
théologie et de la physique, l'une abondamment pourvue
 d'arguments et d'autorités pour tirer en droite ligne le mer-
veilleux de l'enfer, l'autre incapable de tenir tête à sa ri-
vale et retenue encore dans son berceau où elle jouait avec
d'énormes hypothèses. Franchement, ce furent les physi-
ciens qui eurent le dessous; on sait qu'ils ont pris leur r e -
vanche depuis.
    C'était la mode alors de faire de la physique corpusculaire.
Dès la plus haute antiquité, le désir de remonter au principe
des choses avait follement inspiré des théories roulant sur
des parcelles de matière que la pensée divisait et subdivisait
à l'infini et qu'elle spiritualisait presque à force de ténuité.
Gassendi venait de renouveler les doctrines d'Epicure. Le
système des tourbillons inventé par Descartes ne laissait pas
que d'être aussi une nouvelle édition de ces atomes, que les
anciens distribuaient dans l'architecture de l'univers et dont
l'évolution prêtait à des hypothèses qui composaient leur seule
physique. Cette physique des anciens dominait encore celle
des modernes. Les sectateurs de l'astrologie judiciaire contre