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respect des bonnes intentions. C'est pourquoi tout prêt que je
suis à donner satisfaction à celles, pures et excellentes, sans
nul d o u t e , de la Société des Amis des Arts, je me permets
d'avancer que l'utilité de cette société aura fort peu de portée
sur l'avenir artistique de Lyon , parce q u e , si j'en crois l'o-
pinion des artistes , son comité de direction n'a peut êlre pas
l'ensemble de connaissances spéciales et d'idées générales ,
nécessaires à cette œuvre.                                       '
    Toutes les fois qu'il s'est agi de peinture i c i , on es! parti de
ce principe , qu'il fallait protéger la peinture en vue de la fa-
brique lyonnaise. Vous le voyez , l'esprit commercial ne peut
jamais s'isoler de son propre intérêt et s'éleveràl'amourdel'art
en lui-même ; on s'inquiète bien plus des dessinateurs de fa-
brique que des peintres, et, à vrai dire, ces derniers sont beau-
coup moins nécessaires au négociant lyonnais que les autres.
    Aussi, comme j'aime les choses franchement posées , je me
demande pourquoi les efforts et les encouragements ne s'ap-
pliquent pas tout bonnement aux moyens de perfectionner
celle partie essentielle de la fabrique lyonnaise. Pour cela il
faudrait simplement multiplier les facilités d'enseignement et
le circonscrire dans les études purement nécessaires. Mais il
faudrait bien se garder d'ouvrir à deux battants les portes de la
science, il faudrait ne pas éveiller l'organisation sommeillante
du jeune artiste , en lui présentant la palette et le p i n c e a u ,
comme un autre miroir magique , et alors pourquoi un Mu-
s é e , pourquoi des professeurs de peinture historique, pour-
quoi une Exposition , pourquoi M. Bonnefond ?—M. Thierriat
et deux ou trois autres suffiraient.
  Mais non ! on veut à toute force avoir l'air de proléger les
arts : c'est là une manie de grand-seigneur , que la riche
bourgeoisie ne saurait laisser sans imitation, Le bourgeois
gentilhomme est devenu, pour nous , un tableau de mœurs bien
autrement vrai qu'au temps de Molière ; et que de gens pré-
tendent proléger les arts de la même manière que M. Jourdan
iesait de la prose !
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