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sou , deux sous, et revient apporter la joie et la santé. Est-ce
tout? non, la mère Berthet a une autre branche d'oeuvres
charitables. Elle est la protectrice des jeunes servantes sans
place et sans argent. Elle les reçoit chez elle, les nourrit, leur
cherche et leur trouve bientôt une maison honnête; pourquoi?
pour les empêcher de trafiquer de leur beauté. Qui pourra
dire combien elle en a recueillies au moment où le déses-
poir allait les jetler dans la fange de la prostitution? combien
lui doivent d'être restées pures et d'avoir pu devenir d'heureu-
ses épouses et d'honorables mères. Vieille folle! disons nous,
Oh ! vous ne la valez pas, mes belles dames , si savantes sur
les bonnes manières. Nous ne la valons pas , généreux phi-
lanthropes auxquels il faut des bals et des souscriptions pu-
bliques pour nous arracher un écu.



                              VIII.



   Après m'avoir adressé la brusque apostrophe que j'ai citée
plus haut, la mère Berthet n'attendit pas de réponse et elle
continua sa roule sans ajouter un mot. Elle avait rompu le
fil de mes idées et, ne pouvant plus les reprendre, je me décidai
à revenir chez moi. 11 était six. heures. Au moment où j'entrai
dans le corridor , j'entendis un bruit inaccoutumé, et ces mots ,
prononcés par saccades, vinrent frapper mes oreilles. Qua-
rante francs, Messieurs! une fois, deux fois, quarante francs!
une fois! Quarante cinq ! Cinquante! Une fois, deux fois,
bien vu, bien entendu; cinquante! personne n'en veut plus!
une fois! deux fois! et lorsque j'entrouvris la porte, le com-
missaire cria : Adjugé! C'était une encan de livres.
   Eh bien! soyez donc bibliomane infatigable et insatiable,
à l'affût de toutes les ventes, flairant tous les décès des sa-
vants , furetant chez tous les bouquinistes, fouillant chez