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aucun de ces charmes factices , ma petite, ma jolie chambre,
elle est nue, sale, tapissée par de paisibles araignées que
mon Auvergnat a reçu l'ordre de respecter ; mais elle a des
mérites pour lesquels elle m'est bien plus chère que le plus
élégant salon. Le premier de tous , c'est qu'elle est mienne,
mienne depuis cinq ans ; ses murs pourraient dire toutes les
vicissitudes de ma vie depuis que je suis homme ; ils n'ont
pas une meurtrissure, le parquet n'a pas une brique où je n'aie
attaché une idée, un souvenir peut-être. Ma chambre, vrai'
ment, j'y tiens autantque Sans-Souci à son moulin, et,lorsqu'il
m'adviendra de la quitter, jour, hélas ! trop prochain , je la
regretterai comme les Juifs regrettaient les légumes d'E-
gypte.
   Ma chambre est située dans un grand bâtiment que vous
connaissez tous ; c'est la maison de Lyon où l'on voit le plus
de joie et le plus de tristesse, le plus de gravité ,1e plus
d'enfantillage , où règne le plus de silence et le plus de
tumulte, le plus de foule et le plus de solitude, le plus de
despotisme et le plus de liberté ; c'est le temple où les dieux
antiques reçoivent le culte le plus triste et le plus assidu,
où les chansons les plus gaies font verser des larmes de dou-
leur, où les plus attendrissantes élégies exercent souvent la
plus franche gàîlé ; c'est l'asile inviolable de la caricature,
toujours piquante , habile et innocente ; le sobriquet y règne
en maître. Cette maison est habitée par un peuple bon et
bourru, tantôt timide et tremblant sous un regard, tantôt
mutin et révolté, levant fièrement la tête , pour pleurer en-
suite et se soumettre; l'amitié y est la plus franche,l'inimitié
la moins tenace; on y voit des guerres civiles sans eiïusion
de sang, des tribunaux sans partialité, une justice sans
mouchards , gendarmes ni bourreaux ; franchise et loyauté ,
dévoûment et bonheur s'y retrouvent chez tous. Quelle est
donc cette admirable et unique Oasis ?.— Vraiment, Mes-
sieurs, c'est un Collège.
   Là est ma chambre, cachée au fond d'un caverneux corri-