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6 « lel guidait gagner la terre ferme , qui se plongeait en un mortel abîme ! « Quant au dommage que ce pernicieux déluge fit en la ville, il n'y a esprit « qui puisse le savoir, ni concevoir : les maisons dégradées de leurs fonde- « ments , trébuchaient avec grande ruine sur les personnes; aux autres, la « mort était continue avec le sommeil. Quand le jour vint, l'un tirait dehors « une femme portant son enfant, l'autre tirait deux ou trois hommes hors « du péril de mort, tant avec les mains, que se tenant à la queue da son « cheval; l'autre tendait de loin un long bois à ceux qui étaient dans les « lieux les plus profonds: car tous états, tout sexe, tout âge, jeunes et « vieux, riches et pauvres, nobles, bourgeois et artisans, tous se mirent « en devoir de se secourir et de s'aider. » 1572. Deux ans après tous ees désastres, un froid excessif glaça nos rivières, les moulins à blé qui se trouvaient sur le Rhône furent pris dans les glaces et leur mouvement arrêté. Le gouverneur de Lyon, M. de Mandclot, justement alarmé du danger qui menaçait la ville d'une prochaine famine , par la ces- sation de toute mouture et la disette des farines, employa un si grand nom- bre d'ouvriers à rompre les glaces, et les encouragea tellement de sa per- sonne , le jour et la nuit, malgré la rigueur de la saison, que contre l'opinion commune, il garantit Lyon d'un malheur qui paraissait inévitable. Le dé- gel vint servir tant de généreux et louables efforts et amena une inonda- lion dans laquelle les glaces et les eaux firent dès dégâts moins grands qu'on était en droit de l'attendre auparavant. M me de Mandelot voulut en celle Occasion partager avec son mari la gloire de servir le public : cette dame donc la naissance illustre ne servait qu'à relever l'éclat 'de toutes les vertus qui peuvent décorer son sexe, fournit des habits et des aliments à un grand nombre de petits enfants que le froid exposait à périr et fit al- lumer de grands feux dans plusieurs quartiers de la ville pour chauffer les pauvres pendant cet hiver rigoureux. 1602. Cette année, la rivière de Saône se déborda, et ses eaux s'élevèrent à une telle hauteur depuis le 18 jusqu'au 27 septembre, que, couvrant en- tièrement les éperons du ponl, elle louchait presque la circonférence des arches. La crainte qu'il ne fut renversé , obligea à le charger de plu- sieurs gueuses de fer et de gros quartiers de pierre pour lui donner de la * stabilité. Les quais et les églises des Augustins, des Jacobins et des Cé- lestins, depuis les portes d'Àlincourl jusqu'à Esnay, furent inondés ; plusieurs