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LITTÉRATURE 521 adopter un s initial suivi immédiatement d'une consonne dure, sans avoir auparavant donné à cet s le son d'es, infini- ment plus harmonieux a leur oreille. Ainsi l'exigeait le génie du parler méridional; ainsi s'ex- plique également la traduction de strala en estrade; de stomachus en estomac ; de statua en estatue ; de scriba en escrivain ou écrivain ; de capra en cabre et en chèvre, etc., tandis que le français, souvent arbitraire, n'a pas, dans ce cas-là , suivi une règle uniforme; et que nous, Lyonnais, placés aux confins de la langue d'oc et de la langue d'oïl, obéissant a un double courant, nous avons quelquefois tenu compte de l'.s, que quelquefois aussi nous avons supprimé. Ainsi, escouève, par aphérèse, est devenu couève, mais escuevilles est resté en entier. D'un autre côté, nous avons conservé à Yo de scopa la prononciation ou du provençal et du languedocien. A la suite de ces considérations générales, et pour fournir la preuve que notre couève lyonnais dérive bien de scopa latin, nous allons en énumérer les diverses appellations en usage dans la plupart des dialectes méridionaux. Pour cette étude, nous nous sommes inspirés, soit de nos propres observations, soit des travaux de nos nombreux écrivains, parmi lesquels M. Onofrio a sa place marquée. Roman : escoba; Provençal : escouba ; Languedocien : escoubo; Vieux français : escoube, écoupet écoube, écouve,chouve, couve ; Patois de notre région : escuèvo ou couèvo ; Ancien lyonnais : couève et au diminutif couèvette. Si le français moderne a rejeté le vieux substantif êcouve, il l'a cependant conservé dans écouvillon, l'écouvillon du canonnier, l'écouvillon du boulanger, l'écouvillon du maré- chal-ferrant, l'écouvillon du métallurgiste, etc..