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L%WiS*a LITTÉRATURE
Logiquement, écouve ou écouève a formé écuevilles ou
esquevilles, par la soudure de la désinence collective Me.
Ecuevilles représente donc ces objets, ces débris de toute
nature, qui souillent nos chambres et no5 ateliers, et sont
rassemblés par l'écouve pour être rejetés au dehors; ces
deux mots^sont synonymes de balai et balayures. Le terme
d'écueville a son représentant dans :
Le roman : escobilha;
Le provençal : escoubilhar ;
Le languedocien : escoubillos ;
Le vieux français : escouvilles ;
Le patois de notre région : escuevilla ;
L'ancien lyonnais : escuevilles, esquevilles, équevilles ou
écuevilles.
Ajoutons qu'en espagnol et en italien, on trouve ce mot
dans escobilha et scoviglie, et que la basse latinité traduit
les uns et les autres par escobilhœ.
Ces deux substantifs ont naturellement donné naissance
aux deux verbes couèvir et escuevillir, dans le sens de net-
toyer, approprier.
Omis dans le dictionnaire de l'Académie (édition de 1835),
ils se retrouvent dans l'art de l'agriculture avec la même
acception : écobue, ecobuage, écobuer. Ecobuer, escobuer
ou égobuer, en bas-latin escubare, signifie défricher un
terrain, le nettoyer, l'approprier, le purger, en arracher les
broussailles et les mauvaises herbes. Ces débris, on les
rassemble en tas et on les brûle; après quoi, on en disperse
les cendres sur le terrain avant le labour, ce qui donne un
excellent engrais. Ecobuage est l'action d'écobuer, et écobue
le nom de la pioche servant à cet usage.
Tous les écrivains paraissent être d'accord sur la valeur
de ces expressions, mais ils sont loin de s'entendre sur
leur origine. Feu le regretté docteur Monin fait venir couève