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ri20 LITTÉRATURE de nos premiers dictionnaires, ils sont restés intacts dans les dialectes néo-latin, roman, espagnol, italien, provençal, languedocien et dans, nos divers patois, que l'on s'obstine à regarder comme des enfants dégénérés de ces mêmes dialectes. Cependant, malgré leur absence regrettable de nos dic- tionnaires, ils n'en ont pas moins survécu dans une foule de vocables français, dont on serait bien entrepris de trouver ailleurs que là le principe générateur. De plus, ces mots ne sont point particuliers à notre région ; ce ne sont pas des lyonnaisismes, comme certains l'ont avancé beaucoup trop à la légère; ils sont communs, avons-nous dit, à tous les dialectes mentionnés ci-dessus. Couève ou escouève signifiait, on le sait, un balai; couè- velte ou escouèvelle, un petit balai ; escuevilles ou esquevilles, des balayures; ces substantifs avaient pour verbes, couèoir, escouèvir, escouévillir ou esquevillir. Ils viennent du latin scopa; et ce radical, nous allons voir le chemin qu'il a fait, toutes les modifications qu'il a subies avant que d'arriver jusqu'à nous. Nous verrons aussi que les mots, précédents issus de ce radical ne sont pas nés tout d'une pièce, n'ont pas sauté spontanément jusqu'en France, ne se sont pas implantés sur notre sol, sans avoir, au préa- lable, passé par les langues romanes. Une explication est nécessaire avant de poursuivre notre étude. En vertu de la loi des permutations, les lettres de même nature ont une tendance naturelle à se remplacer mutuelle- ment; tendance motivée par une prononciation particulière et le génie propre à chaque langue. Le p étant une labiale, s'adoucit et fléchit tantôt en b, tantôt en v. Or, scopa est devenu scoba, scova, prononcés escoba, escova, par nos ancêtres aussi amoureux de l'euphémisme que répulsifs Ã