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510 BÉCHEVELIN se trouvait placé leur couvent. Il se pourrait que ce nom de Paradis provînt de la proximité de la chapelle de Notre- Dame de Béchevelin, et qu'il existât là -dessus quelque an- tique légende ; mais je n'ai rien trouvé de relatif à cette dé- nomination. Le Grand Vocabulaire français, 1772 (tome XX, p. 592), dans une nomenclature de tous les Paradis provenant des croyances religieuses des divers peuples, cite celui des peuples de la Virginie, qui consistait dans la possession du tabac et de la pipe et dans le plaisir de danser et de chanter. Le paradis de la Virginie a peut-être bien un peu remplacé l'ancien voisin de Notre-Dame de Béchevelin : en effet la grande quantité de cabarets et de bastringues qui peu- plent ce quartier l'ont entièrement renouvelé. Le positi- visme, ce puissant souverain contemporain, n'admet que les plaisirs matériels, rejette les jouissances qui ressortent de la prédominance de l'âme, et pour lui l'idéal du bonheur consiste à bien boire, à bien manger et a bien fumer. Cependant, malgré l'invasion du matérialisme, Notre- Dame de Béchevelin semble conserver certaine influence, et les ex-volo qui ornent sa chapelle en sont un témoignage. Elle cherche à opposer son paradis a celui de la Virginie, et la morale ainsi que l'hygiène désirent qu'elle réussisse. On lui attribue déjà de nombreux miracles ; mais si elle par- venait à vaincre la pipe et feau-de-vie, ce serait alors qu'elle arriverait à opérer ce qu'on appellerait un prodige extraordinaire. La suppression de la chapelle et la vente du terrain comme bien national, à l'époque de la Révolution, n'avaient pas éteint la foi dans la puissance miraculeuse de Notre- Dame de Béchevelin, et je vais terminer mon travail par une citation empruntée a Mazade d'Avèze, dans ses Prome- nades à Lyon, 1810 :